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Henri B. est magistrat à la chancellerie chargé de la lutte contre la criminalité organisée, le terrorisme et le blanchiment. Assis derrière son bureau sur lequel s'entassent des piles de dossiers sensibles, cet ancien juge d'instruction est un inconditionnel de la série. "Avec mon épouse, nous sommes comme de véritables adolescents, scotchés devant notre écran de télévision. De plus, c'est vraiment une série qui va au fond des choses. On rentre dans les rouages de la justice, sans tomber dans la caricature, et je pense que c'est la seule série qui permet de voir ça."
Plus loin, le magistrat décrypte la force de la série. "Faire de la fiction en parlant de réquisitoires supplétifs ou de problème de greffiers, c'est vraiment très fort. Pour une fois, on comprend la différence entre un procureur et un juge d'instruction, et les jeux de pouvoir qui peuvent s'instaurer entre les deux ! Le juge Roban et le procureur Machard sont fascinants, et on a tous dans notre carrière rencontré au moins une fois des types comme eux."
Même les membres du barreau y trouvent leur bonheur. A entendre Laurence T, avocate au barreau de Seine-Saint-Denis, la série Engrenages va à l'essentiel et c'est ce qui fait sa puissance : "Même si les avocats pénalistes ne sont pas toujours montrés sous leur meilleur jour, c'est vraiment une série qui décortique avec minutie les rôles de chacun de nous. On sent vraiment dans certaines scènes que les scénaristes ont été très bien conseillés. Ça fait plaisir de voir le travail qui est effectué par les avocats en amont du procès."
"Je ne connaissais pas Engrenages, et un jour on m'a prêté les DVD, raconte Frédéric G, officier à la brigade des stups. C'était la saison 2, et j'ai été scotché par le réalisme. J'avais l'impression qu'on avait piqué une de mes affaires ! Pour une fois, les voyous ressemblaient à ce que je voyais tous les jours. Cela change vraiment des séries policières basiques qu'on voit d'habitude à la télé. Les acteurs qui jouent les flics sont vraiment top, on a l'impression qu'ils ont fait ça toute leur vie. Maintenant, quand quelqu'un me demande en quoi consiste mon boulot de flic, je lui conseille de regarder la série."
Avis autres que ceux des magistrats et de la police, mais néanmoins acteurs du monde judiciaire.
Une série dans un contexte de réforme du système judiciaire
Au départ, la série a été produite sous le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy et cela se sent. Le scénario reprend en effet les différentes réformes de la justice qui ont marqué son quinquennat et les intègrent dans la trame de l'histoire, ainsi que divers évènements de l'actualité judiciaire. Que ce soit la récente loi qui oblige la présence d'un avocat pendant la garde à vue ou encore la volonté de réduire les pouvoirs des juges d'instruction, Engrenages prend véritablement en compte le contexte. En clair, pour Thierry De Cabarrus, journaliste au Nouvel Observateur, "Engrenages est un bon titre pour cette série qui montre les dysfonctionnements et les rouages police-justice". Et c'est sans doute ce qui fait son succès.